"Saisissez votre code PUK"
- Caroline Nicoulaud
- 29 juil. 2024
- 3 min de lecture

Nous sommes quelque part à Paris, un soir d'été, dans un quartier que je ne connais pas, il est tard, et j’ai déjà bu deux Spritz dans un bar.
J’aime l’été à Paris. Pour moi, il a souvent été synonyme d’amour, et ce depuis mon premier.
Mon premier amour, je l’ai rencontré au collège. J’avais treize ans.
Il était gentil et il me tenait la main pour aller prendre le bus.
On allait au cinéma et il m’embrassait en haut de l’observatoire de Vouvray.
On allait à la patinoire et on essayait de ne pas tomber.
A cette époque, on avait peur de tomber et de se faire mal, mais pas de tomber amoureux.
On avait hâte de s’aimer, on avait hâte de se retrouver et on avait hâte de s’embrasser derrière la cours du lycée.
Je suis tombée amoureuse de ses yeux, de son rire, et de tout ce qu’il était.
On se passait des mots en cours et on avait des mauvaises notes.
Il n’était jamais question de sexe, la jalousie n’existait pas et on écoutait Adèle au fond du bus.
Il était gentil mon premier amour. Il était intelligent aussi, d’une jolie intelligence. Je l’admirais et je continue à le faire, toujours.
On prenait nos téléphones portables en cachette et on s’appelait jusqu’à 4h du matin. On s’endormait en rêvant d’être des adultes pour pouvoir se marier et avoir quatre enfants. L’un d’eux s’appellera Charly. On se mariera à Vouvray et on sera heureux.
Et puis, on avait plus de forfait. On devait expliquer pourquoi à nos parents, et on se faisait engueuler. Mais rien n’était grave.
Je changeais mon code PIN pour qu’il soit notre date de rencontre, comme ça je n’oublierais jamais.
Et puis un jour, d’un coup d’un seul, on grandit et on nous arrache cet amour. Cet amour pur, qui résonnait comme une évidence.
On a peur de retomber amoureux, parce qu’on sait que ce ne sera jamais aussi beau que ce premier amour.
On évite, on se protège, on travaille. L’ambition de réussir nous rattrape, on donne tout et puis on s’oublie. Ou peut être qu’on essaie d’oublier.
Je suis sincèrement convaincue que le premier amour est le plus beau, le plus important et le plus joli. On tente de l’imiter, et on y arrive pas. On essaie de recréer des souvenirs en se disant qu’on sera toujours jeunes et naïfs mais ce n’est pas la réalité.
On se cache derrière une fausse naïveté, on est plus si purs, si sincères et on fait passer le travail avant l’amour.
Le travail devient omniprésent, on en oublie le mariage à Vouvray, les quatre enfants, Charlie. Et maintenant, on a un forfait avec appels illimités. Et pourtant, on ne s’appellera plus jamais.
On prend des verres en terrasse avec des hommes qui sortent d’une énième appli de rencontre et on essaie de se convaincre que ce n’est pas si grave si il n’a pas les yeux bleus comme notre premier amoureux.
On sait que l’homme qu’on aime ne nous aime pas en retour et on arrive même pas à pleurer. Parce que, d’ailleurs, on ne s’autorise même plus à pleurer. Peut être parce qu’on l’a idéalisé. On idéalise le monde entier et la réalité est bien plus dure que ce que l’on avait imaginé.
Une soirée d’été, quelque part à Paris, dix ans plus tard, je revois la vie de la petite Caroline de 13 ans, je bois trop, je prends dix ans dans la gueule et plus rien n’est facile.
Avant, on disait « tu veux sortir avec moi ? ». Et, aujourd’hui, on dit « je ne peux pas m’engager. » C’est donc ça, grandir ?
Et puis, ce lendemain de soirée, j’oublie mon code PIN, « saisissez votre code PUK », c’est quoi un code PUK ? Et merde, je n’avais pourtant jamais oublié ce 14 novembre.
Non, je n’ai pas oublié, ça doit être la gueule de bois. Je suis pas fière. Je prendrais quand même cet avion pour Rome, et je referais le monde avec elles. Parce qu’un monde avec elles, c’est un joli monde, un monde à moi, un monde qui m’appartient, contrairement à cet amour qui ne m’appartient plus, pour toujours.
Et je change ce code PIN, parce que c’est chiant cette histoire de code PUK.
Coucou Caroline,
Je suis sur ton canal insta, et je n’ai pas raté un seul de tes vlogs. Je voulais t’écrire pour te remercier pour ton authenticité et toute la richesse de ce que tu partages en terme d’émotions. C’est un peu étrange car je ne te connais qu’à travers les écrans et je ne suis pas ton amie mais en lisant ce très bel article j’ai juste envie de te faire un gros câlin et te dire que tout ira bien. Tu es brillante, drôle, inspirante et un jour tu auras droit à ton romantisme à toi.
Merci de partager si souvent avec nous tout ces beaux moments de vie, de douceur et de sincérité. Merci aussi pour te…
Coucou Caroline, tu as raison le premier amour esr le plus beau. Perso je l’ai retrouvé il y a peu et on vit un amour incroyable. On s’était retrouvé déjà quelques années en arrière mais ca a été catastrophique car ce n’était pas le bon timing pour de nombreuses raison. Et finalement on se retrouve aujourd’hui car le destin nous a remis sur la même route à bientôt 50 ans… Mais on s’en fout on vit comme si on en avait 20… je ne l’ai jamais oublié comme toi mais j’ai tout de même vécu ma vie en dehors de lui… C’etait écrit comme ca, qu’il ne serait pas le pere de mon fils,…Mais ce n’est pas grave, C’était l…