Un an

Au revoir Monsieur Perry, à jamais dans nos coeurs.

Mes chers lecteurs, mes chères lectrices,

Il y a un an, je commençais à écrire, à rêver et à imaginer une potentielle autre vie. Je voulais que l'on m'écoute, que l'on entende ma voix, celle-ci était si peu écoutée avant vous.

Alors, faisons ensemble ce redoutable bilan, et prenons conscience de certaines choses.

Il y a un an, je démissionnais. Pour la première fois de ma vie, j'ai dit non.

Sans salaire, avec un loyer à Paris, je m'en vais de ce travail.

J'en retrouve un nouveau, mais j'ai quinze jours devant moi avant de commencer mon contrat.

Je m'ennuie, je ne sais pas quoi faire de mes journées. Mes amis me disent de prendre cela comme des vacances, impossible.

Il fallait que je fasse quelque chose de ce temps. Alors, j'écris des choses.

J'écris mes premières vidéos, celles qui m'ont fait connaitre.

Je rêve, je m'imagine de grandes choses. Et, j'avais raison d'y croire.

Ces quinze jours auront donc changé ma vie à tout jamais.

Je vais au bureau le jour, j'écris la nuit, j'arrête de dormir, j'arrête de vivre.

Vous êtes réceptifs, je m'améliore, je réfléchis constamment, tout devient sujet à réflexion.

J'observe les gens, leurs habitudes, leur quotidien.

Je m'auto analyse, j'utilise l'autodérision, ma meilleure amie depuis toujours.

J'apprends de nouvelles expressions, de nouveaux mots, tous les jours.

Aucunes vacances, pas un jour de repos pendant neuf mois.

Neuf mois de ma vie pour réunir un million d'abonnés cumulés sur Instagram et TikTok.

Je vis cette vie, avec un certain recul sur la situation, pensant ne jamais pouvoir en vivre.

Je perçois mon premier virement, celui de ma première collaboration rémunérée.

Cinq cent euros. Cinq cent euros pour une vidéo ?! Je me dis "ça alors" !

Je ne dépense pas cet argent.

Les mois passent, je reçois des propositions, puis, de plus en plus.

Vous aimez ma voix, la radio et les marques aussi.

Qu'est ce qu'elle a, ma voix ?

Alors je continue, je continue de faire rire les gens, de signer des contrats.

Je me fais avoir. J'apprends, doucement, mais mieux.

Je deviens méfiante. L'influence, attention.

Je trouve mon petit rythme, qui n'était finalement pas si petit que ça.

Avril. Le début du cauchemar. Je tombe malade, j'ignore encore ma maladie.

Je commence ma thérapie, celle que je repoussais depuis tant d'années.

Les crises d'angoisse reprennent, les peurs et les phobies, sont plus présentes que jamais, elles deviennent omniprésentes. Je pleurs, tous les jours. Moi qui ne m'étais pas autorisée à pleurer depuis ma dernière rupture amoureuse.

On me reconnait dans la rue, on m'arrête pour me dire que je suis géniale, je m'effondre devant cette abonnée.

Je ne veux pas arrêter de faire rire les gens, mais moi, je ne ris plus.

J'arrête de sourire, ma thérapie devient insupportable.

On me dit d'arrêter les réseaux, de faire une pause. Je ne peux pas.

Je veux grandir, réussir, et remplir cet Olympia.

Je veux écrire, qu'on me publie, avant de tomber dans l'oubli.

Je ne veux pas être oubliée. Alors, je continue.

Je me lève à midi, j'enchaine les arrêts maladie, je me maquille, je tourne une video, me démaquille, et me recouche.

J'arrête de voir le monde, je ne sors plus, je n'observe plus. Je deviens plus seule que jamais.

Ma solitude devient une réalité. Je ne veux plus rencontrer personne. Ouvrir au livreur Uber devient un effort.

Août. J'enchaine les crises d'angoisse, les pleurs, ma vie devient plus sombre que jamais. Et pourtant, ça ne se voit pas. Les réseaux sociaux sont trompeurs, je montre une Caroline forte, qui rit à toutes épreuves, mes sujets de vidéos deviennent tristes, les gens s'inquiètent.

Les collègues de mon père viennent le voir et lui demandent "Ta fille va bien ?"

Il fallait que cela cesse. J'allume ma caméra, et je parle à coeur ouvert pour la première fois.

Vous entendez ma vraie voix. Vous voyez la vraie Caroline.

Mes histoires sont toujours réelles, mais la Caroline des réseaux est si forte, elle était mon exemple, elle l'est toujours.

Je publie "un livre ouvert", je décide d'aller mieux, pour de bon.

Je commence à publier une vidéo par jour sur Youtube "Jour X pour aller mieux".

Et, à ma grande surprise, vous aimez, et moi aussi.

Depuis août. Je renais. Je suis nouvelle. Je ne suis plus l'ancienne Caroline, je suis simplement nouvelle. J'observe avec bienveillance ma nouvelle vie. J'admets qu'il serait temps d'écrire pour de vrai. Je veux être publiée.

Et, il serait peut être temps de monter sur scène, non ?

Alors je me lance, à corps perdu, dans cette nouvelle vie, avec cette nouvelle version de moi même. Une version améliorée, mais si réelle.

Elle me plait bien cette version. Devenir positive n'est plus un effort.

Voici ma nouvelle réalité, et elle est belle.

Elle est belle car vous en faites partie, vous avez écouté mes pensées, lu mes articles, mais surtout regardé mes vidéos YouTube.

Ces vidéos pour aller mieux, je les aime simplement et de tout mon coeur.

La réalité, la votre, et la mienne, cela devient ma priorité.

Vous me dites que mes vidéos vous aident, je n'arrive pas à le croire, car c'est grâce à vous que je vais mieux.

Je vous dois tout. Sincèrement et purement, merci.

N'oubliez jamais que la réalité est la chose la plus importante.

Faites attention à cette pseudo vie parfaite que l'on voit tous les jours sur les réseaux sociaux. Ce n'est pas la réalité. La preuve, en avril, personne ne se doutait de ce que je vivais.

Je suis heureuse que cette réalité vous plaise, car elle a le mérite d'être réelle.

Caroline