Été numéro huit

                               "Si seulement ma mère savait."

  Nous sommes en septembre 2014, et je te rencontre pour la première fois.

Dans la cours de récré, on était jeunes, et je te regarde aimer une fille.

Une fille plus jolie que moi, aux meilleurs résultats, avec les cheveux longs et lisses. Une fille qui ne faisait pas d’histoires, une fille qui était moins névrosée, ou moins torturée que moi. Une fille qui n’était pas la petite Caroline harcelée dans la cours de récré. Cette fille que tout le monde trouvait belle, cette fille populaire. Cette fille qui n’était pas moi.

Quelques mois passent, dans ma peine, j’attends. J’attends que tu connaisses mon existence, que tu me parles, que tu m’aimes.

J’écoute James Blunt dans le bus car tu ne m’aimes pas.

Nous sommes en décembre 2016, et tu me regardes.

Tu me regardes différemment, comme si j’étais une autre femme. Tu me parles à tous les cours et mon carnet de correspondance est rempli de mots que je dois faire signer par mes parents. Ils ne sont pas contents mais tu me parles. Je souris, je suis heureuse. J’attends les cours avec impatience pour te revoir. Tu me fais rire, je n’écoute plus en classe, c’est l’année du bac mais rien n’est grave quand tu me regardes.

Et puis, tu t’en vas.

Chaque été, depuis cette date, je n’y arrive pas. Tu reviens, tu repars, je reviens et je m’en vais.

Nous sommes en juillet 2022, et je t’ai dis « je t’aime » il y a deux ans.

Tu reviens, encore. Et moi je t’aime mais je ne te le dis plus. On dîne ensembles, je te raconte ma vie, et toi la tienne. Tu me partages tes rêves, ils sont beaux tes rêves. Tu veux que je reste, mais je pars. Je pars pour avoir moins mal.

J’essaie de rencontrer d’autres hommes, d’ouvrir mon coeur, mais je préfère le tien.

Je me mens à moi même, je dis que tout va bien. J’attends tes messages. Je les aime, aussi fort que toi.

Mais c’est dur aussi merde ! Hier soir, dans Grey’s Anatomy, Jackson s’est opposé au mariage d’April, et dans mon coeur, j’espère que tu t’opposeras au mien aussi.

Mon entourage me demande pourquoi je me remets aussi vite de mes ruptures ou pourquoi mes relations ne durent pas. Si ils savaient que je ne pensais qu’à toi et que, de toutes façons, rien ne me fera aussi mal que notre amour. Un amour à sens unique, un amour aussi triste qu’irréaliste.

La vérité c’est que ça fait huit étés que je t’aime.

La vérité c'est que j'ai essayé d'aimer d'autres hommes que toi.

La vérité c’est que tes messages me font autant de bien que de peine.

La vérité c’est que tu vas y arriver et que les rêves ça me connaît.

La vérité c’est que je ne sais pas si il existe encore des gens sur cette terre qui s’aiment comme moi je t’aime.

La vérité c’est que me déteste de mentir au monde et de prétendre être neutre face à toi.

La vérité c’est que je suis triste quand mon père me demande comment tu vas.

La vérité c’est que je suis dévastée quand ma mère me dit qu’on se retrouvera.

Parce que si seulement ma mère savait. Si elle savait à quel point ça me fait de la peine quand elle me dit ça. Si elle savait à quel point il était difficile pour moi d’aimer pleinement un autre homme. Si elle savait que je ne voulais que toi. Si elle savait à quel point mon monde s’est effondré quand tu ne m’as pas rattrapée en juillet il y a deux ans. Si elle savait à quel point j’avais pleuré. Si elle savait.

Parfois, j’ai envie d’hurler au monde entier que je t’aime et que c’est toi.

J’ai toujours cru qu’on se retrouvera. Mais depuis mon dernier semblant d’amour, j’ai l’impression de te perdre pour toujours.

Oui, j’aime recevoir de tes nouvelles.

Oui, je suis fière de toi.

Oui, je comprends que tu n’aies pas le temps pour moi.

Oui, je sais ce que c’est de rêver.

Oui, je donne tout pour ma carrière moi aussi.

Oui, je sais que c’est compliqué d’aimer.

Mais oui, aujourd’hui j’ai perdu espoir.

Enfin bref, peut être qu’un jour tu m’aimeras, ou peut être pas, je ne sais pas.

Mais moi, la seule question que je me pose c’est, est ce que je publie cet article ou pas ? Et si personne ne comprenait ? Et si j’étais la seule au monde à aimer un homme aussi longtemps sans rien en retour ?

Pourtant, tu es le seul qui ne m’a jamais ghosté. Tu es le seul à avoir du courage, le seul que j’admire. Le seul auquel je pense avant de m’endormir. Le seul avec lequel j’envisage un avenir. Le seul pour qui j’ai compris ce que c’était aimer, pour de vrai.

Et puis, peut être qu’un jour tu me joueras « You’re Beautiful » de James Blunt, et peut être même qu’on le jouera ensemble sur ce piano.

Peut être qu’on sera sur ce bateau. Peut être qu’un jour tu m’aimeras. En attendant, je serai là.

Je serai là parce que je ne sais pas aimer un autre que toi.

Peut être que la prochaine fois, je t’avouerais tout ça. Ou peut être que tu le sais déjà.

Un jour tu m’as dis, « si j’avais une copine comme toi je serai si fière ! ». Et si c’était moi ?

Parfois, j'ai envie d'oublier ce que ça fait de t'embrasser. Parfois, je veux juste ne jamais me rappeler de ces nuits qui appartiennet au passé. Parfois, je veux juste oublier tous ces moments à tes côtés, tout ces moments à t'aimer et tous ces moments à espérer que tu m'aimes.